Le Jiu Jitsu brésilien aux jeux Olympiques ? Les raisons du blocage

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Les fans aiment dire que le jiu jitsu brésilien est “le prochain”, mais les obstacles ne relèvent pas des émotions : ils relèvent de la structure, du dossier et du produit.

Le premier mur, c’est la gouvernance : plusieurs organisations puissantes, chacune avec ses propres intérêts et ses propres règles, affaiblissent l’idée d’une autorité unique prête pour le CIO (Comité international olympique).

Le second, c’est la fragmentation des règles : systèmes de points différents, philosophies de pénalités, listes de techniques autorisées/interdites, durées de combats variables. Ajoutez à cela des catégories de poids incohérentes et vous obtenez un sport qui change d’un événement à l’autre.

Vient ensuite la question de la participation et des parcours. Le CIO veut une empreinte vraiment mondiale : fédérations nationales, développement des jeunes, et championnats continentaux réguliers.

Le jiu jitsu brésilien a de la profondeur dans certains foyers majeurs, mais une infrastructure fédérale très inégale ailleurs. Enfin, le problème du produit : rythme lent, positions figées, et décisions d’arbitres difficiles à comprendre font zapper les spectateurs occasionnels.

En résumé, les candidatures du jiu jitsu brésilien aux Jeux échouent quand le sport ne peut pas présenter une seule identité, un seul règlement, un seul spectacle.

Pourquoi le jiu jitsu brésilien n’est pas aux Jeux Olympiques ? Les exigences non négociables du CIO

Pour simplement frapper à la porte, il faut une fédération internationale reconnue par le CIO, avec des membres nationaux, des élections, des statuts, une application stricte du code antidopage (WADA), et une filière junior.

Cette fédération doit présenter des catégories de poids et un règlement standardisés, respectés par tout l’écosystème — pas seulement par un circuit.

Les infrastructures doivent être à l’échelle : nombre de tapis par session, services médicaux, équipes d’arbitrage et flux de données en direct pour le scoring et la diffusion TV.

L’antidopage n’est pas optionnel ni “auto-géré par la communauté” : il s’agit de tests financés, de localisation obligatoire pour les athlètes ciblés, d’instances indépendantes pour juger les cas, et de vraies sanctions.

Pour que le JJB soit pris en considération par le CIO, cette case doit être cochée avant même de parler format ou highlights.

Le problème du spectacle : rythme, immobilité et diffusion TV

Le programme olympique moderne privilégie les sports capables d’offrir des résultats clairs dans des fenêtres TV serrées.

Les plus gros handicaps télévisuels du jiu jitsu brésilien : des phases statiques trop longues, des remises en place lentes et un système de points réservé aux initiés.

Quand un spectateur neutre ne sait pas qui mène — ou pourquoi un arbitre interrompt une séquence — le produit perd tout attrait.

Mais cela se corrige :

  • Des règles de passivité type “shot clock” ;
  • Des remises debout obligatoires après inactivité ;
  • Des graphiques de points et d’avantages clairs à l’écran ;
  • Des combats de durée fixe (par exemple 6 à 8 minutes).

Des arbitres équipés de micros donnant des explications brèves et standardisées peuvent éduquer le public en direct.

Si les défenseurs du jiu jitsu brésilien olympique veulent être pris au sérieux, ils doivent présenter le sport de manière à ce qu’un nouveau spectateur le “comprenne” dès la deuxième séquence.

Du World Games à des règles unifiées

Voici la voie qui pourrait fonctionner :

1️⃣ Unifier le règlement : réunir les principales instances pour codifier un livre unique du JJB en vue des Jeux — points, pénalités, techniques légales, durée, prolongations. Publier une fois, appliquer partout.

2️⃣ Stabiliser les divisions : catégories hommes/femmes alignées sur celles des sports olympiques de combat, avec des tableaux simplifiés.

3️⃣ Gouvernance d’abord : créer (ou renforcer) une fédération internationale réelle, avec membres nationaux, élections et conformité WADA.

4️⃣ Le prouver sur le terrain : tester ce règlement lors de grands événements multisports (World Games, Jeux continentaux) avec diffusion télé complète et arbitrage indépendant.

5️⃣ Pipeline junior : obliger les fédérations nationales à organiser des championnats par tranches d’âge sous les mêmes règles, pour alimenter une pyramide olympique.

Rien de tout cela n’est romantique, mais tout est faisable — et bien mieux qu’une nouvelle décennie de “peut-être aux prochains Jeux”.

Si la communauté veut le statut olympique, elle doit agir comme un sport olympique avant d’en devenir un.

Du concept au tapis

Assez de débats, place à la démonstration : organiser un événement test de deux jours pensé pour la télévision : combats de 8 minutes, chronomètre visible pour la passivité, affichage instantané des scores et avantages, et remises en jeu obligatoires après une inactivité définie.

Maintenir des tableaux réduits, faire tourner les tapis selon un horaire précis, et équiper les arbitres de micros pour des annonces concises.

Proposer un storytelling clair : favoris, drapeaux nationaux, tableau des médailles, et publier un rapport antidopage transparent après l’événement.

C’est ainsi que le jiu jitsu brésilien peut passer du discours prophétique en ligne au dossier concret.

Rendre le sport lisible au premier regard, la gouvernance irréprochable sur le papier, et le spectacle attractif à la télévision.

Jusque-là, le CIO n’est pas l’obstacle — c’est l’absence d’un livre de jeu unique qui l’est.

L’image d’illustration provient de la chaine youtube Josh Jitsu.